«Nous sommes là pour faciliter la vie aux clients»

La start-up sénégalaise «Paps» lancée en 2016 se présente comme la première application de livraison à la demande géolocalisée en Afrique francophone. Elle a déjà remporté deux distinctions : le prix Orange Innovation Challenge (2016) et le 1er prix du Pitch Hub Africa 2017. Immersion au sein de Paps avec son fondateur Bamba Lô.

Vous avez lancé en 2016 votre application «Paps» qui se présente comme la première application de livraison à la demande géolocalisée en Afrique francophone. De quoi s’agit-il concrètement?
Au-delà de l’application, «Paps» est un service destiné aux particuliers et aux entreprises qui leur permet de se faire livrer toutes sortes de marchandises ou courriers en ville en un temps record. Les clients peuvent passer directement des commandes par téléphone à travers notre service client via l’application et notre nouveau site web lancé cette année. Nous avons mis en place un service pour faciliter les démarches aux clients en leur permettant de s’identifier et d’être géolocalisés.

Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans cette aventure entrepreneuriale?
Je suis client de service de livraison classique depuis presque trois ans. Le manque de rigueur, le manque d’orientation service et l’envie d’innover m’ont motivé à me lancer dans ce projet.

Quel est, aujourd’hui, votre positionnement sur le marché sénégalais?
Nous avons une position de challenger de par notre expérience (9 mois) et l’innovation que nous apportons dans ce secteur. Paps est la première entreprise qui allie livraison et services digitaux. Pour l’heure, nous ne réalisons que 15% sur les 400.000 livraisons annuelles effectuées à Dakar. L’objectif est de mieux faire face à la concurrence et consolider notre position avec notamment de nouvelles acquisitions.

Quel est votre Business Model?
Nous facturons uniquement le nombre de kilomètres parcourus par nos agents (1.000 FCFA par kilomètre). Nous percevons aussi un pourcentage sur le chiffre d’affaires du client qui télécharge automatiquement notre application. On perçoit également une commission sur les ventes au panier. Nous percevons, par exemple, 20% sur les produits de pressing. Par contre, les commerçants nous rémunèrent uniquement pour le transport. Parallèlement, nous faisons du stockage en interne pour quelques produits.

Comment vous positionnez-vous par rapport à la concurrence?
Aujourd’hui, Paps est la seule entreprise de livraison qui mise sur la qualité ; nos prestations sont 100% satisfaites ou remboursées. Cela nous motive à travailler davantage l’aspect qualité dans le service client pour ne pas rembourser des courses. Nous sommes là pour faciliter la vie aux clients. On est les seuls à dispenser une formation continue à nos coursiers et à garantir l’assurance des flux financiers que nous transportons.

Est-ce que vous prévoyez de déployer ce service dans d’autres pays?
Nous réfléchissions sur chacune des actions que nous lançons au niveau local pour pouvoir les dupliquer dans d’autres pays. Nous ciblons prioritairement la Côte d’Ivoire. Des entrepreneurs du Congo, du Mali, du Cameroun, du Burkina et du Maroc nous ont contactés pour voir les possibilités de développer le projet dans leurs pays.

La livraison par drone est en vogue dans certains pays africains comme le Rwanda. Vous y pensez?
Effectivement, nous envisageons ce mode de livraison. Nous sommes en contact avec la société française Hdrone et la société camerounaise Will & Brothers pour utiliser le drone pour des livraisons dans le domaine de la santé et de l’administration. Nous avons lancé l’étude de faisabilité et attendons leurs propositions. Ce projet devrait voir le jour d’ici la fin de l’année.

Vous avez organisé la «Can des start-up» à Dakar avec des entrepreneurs de l’écosystème digital sénégalais. Que recouvre ce concept?
L’objectif était d’identifier et de rassembler tous les acteurs de l’écosystème digital de manière un peu plus ludique autour de centres d’intérêt que nous avons en commun en dehors du business. Nous avions constaté qu’il existait plusieurs entrepreneurs tech, mais chacun travaillait individuellement. Les entrepreneurs sont des acteurs incontournables pour la transformation de notre pays.

Globalement, comment se porte l’entrepreneuriat digital au Sénégal?
L’entrepreneuriat se porte très bien au Sénégal, notamment l’entrepreneuriat tech avec notamment une licorne nationale en l’occurrence Wari qui concurrence avec les start-up mondiales dans le secteur du mobile money, et «Oui Carry» qui a récemment réalisé une levée de fonds. Les start-up proposent des projets qui répondent aux besoins des populations. Mais elles se heurtent souvent au manque d’intérêt des autorités. Au moment où l’entrepreneuriat digital est en pleine croissance au niveau mondial et constitue une des priorités dans des pays comme la France, les États-Unis, en Chine et au Rwanda. Un choix gagnant au regard des importants chiffres d’affaires réalisés dans ce secteur. Les investisseurs locaux privés doivent aussi soutenir les start-up tech pour leur permettre d’éclore afin de contribuer à la croissance du pays.

Après avoir vécu en France et à Québec, vous avez décidé de retourner au bercail pour entreprendre. Est-ce une manière pour dire que la diaspora a un rôle à jouer dans le développement du continent?
Je suis convaincu que la diaspora a son rôle à jouer dans le développement de nos pays. C’est surtout une responsabilité. Ces expatriés doivent mettre en pratique leurs compétences et leurs expériences, au service de leurs pays, à défaut de mettre leur portefeuille.

Vous avez remporté le 1er prix du pitch Hub Africa 2017 lors de la 5e édition de l’évènement organisé les 4 et 5 mai 2017 à Casablanca. Une belle promotion pour Paps?
C’était une belle expérience. Maintenant, nous voulons consolider notre activité au Sénégal et cibler d’autres marchés en nous basant sur des critères internationaux. Nous voulons être les meilleurs dans notre secteur d’activité sur l’échiquier mondial.

Propos recueillis par E.S.