Derrière le succès de Wari, un homme, Kabirou Mbodje, 53 ans, PDG. Il a vu le jour à Lyon en 1964. À l’âge de 13 ans, il débarque au Sénégal pour y poursuivre ses études secondaires avant de rejoindre la France pour y obtenir son Bac scientifique et y poursuivre des études d’ingénieur et décrocher plus tard un diplôme en finances aux États-Unis. Il retrouve le bercail et lance son projet.

La création de Wari n’est en fait que l’aboutissement d’un long processus.. En 1993, après avoir travaillé sur le projet Afrovision, Kabirou Mbodje crée le réseau TV par câble sans fil MMDS-Multivision. En 1998, il intègre Euro RSCG. En 2000, Kabirou Mbodje lance Net TV, un bouquet de chaînes à destination des pays d’Afrique subsaharienne francophone diffusées par satellite2,3. Sept ans plus tard, plus précisément en 2000, Il lance un bouquet de chaînes à destination des pays d’Afrique subsaharienne francophone diffusées par satellite dénommé «Net TV».
En 2003, Kabirou Mbodje lance NetPay, une solution de paiement via un abonnement téléphonique (qui devient CallMoney en 2008). En 2008, il crée Wari.

Parcours jalonné d’obstacles
Pourtant, la naissance de son groupe n’a pas été chose aisée. À l’époque, aucune banque et aucune multinationale ne croyaient à son projet. Seule la Caisse nationale de Crédit Agricole du Sénégal (Cncas) avait décidé de l’épauler dans cette nouvelle aventure. «Au début, nous avons proposé nos services à plusieurs entreprises. Personne ne croyait en cette idée ou nous demandait si ce projet avait déjà été mis en place ailleurs. Ces contraintes auraient poussé d’autres entrepreneurs à lâcher prise, mais nous avons été tenaces. Nous avons prouvé qu’il y a de réelles compétences solides présentes en Afrique», se rappelle-t-il.

Kabirou Mbodje n’a pas seulement surmonté ces obstacles liés au financement ; il a aussi surmonté un handicap physique. C’est lui-même qui l’a révélé en décembre 2015, lors de la «Grande Rentrée Citoyenne», évènement organisé par le mensuel sénégalais «Intelligences Magazine». En effet, à l’âge de 16 ans, une année avant le Baccalauréat, il s’est cassé les deux genoux.

Les docteurs avaient déclaré qu’il ne marcherait plus. «Et pendant pratiquement 8 mois, je me suis déplacé sur un fauteuil roulant (…) et à force d’abnégation et de courage j’ai commencé à reprendre des forces dans mes jambes et me voici devant vous», avait-il déclaré aux étudiants qui étaient présents dans l’auditoire. Avant d’indiquer que Wari est «la somme de ses échecs et de ses efforts» et que son ambition est de faire connaitre la marque partout dans le monde à l’image de Coca-Cola.

À ses heures perdues, il range son costume de chef d’entreprise pour enfiler celui du joker pour faire de l’équitation, son sport favori «depuis son plus jeune âge». Il est d’ailleurs le capitaine de l’équipe nationale d’équitation du Sénégal après avoir remporté à trois reprises le championnat du Sénégal (1993, 2005 et 2007). «C’est une discipline qui requiert dépassement de soi, technique, expérience, maîtrise et capacité à travailler en binôme (homme-cheval)», constate le «joker».

Par Elimane Sembène