La diaspora africaine développe un fort engouement pour l’entrepreneuriat et a identifié différents secteurs d’activités au Maroc et dans les pays d’origine. C’est l’une des conclusions d’une enquête présentée lors du Hub Africa 2017 à Casablanca.

Naguère pays de transit, le Maroc est devenu un pays d’accueil pour de nombreux ressortissants d’Afrique subsaharienne. Ils y développent différentes activités tout en identifiant des projets d’investissement dans leurs pays respectifs. Une étude réalisée par Hub Africa et l’École nationale de commerce et de gestion (ENCG) de Casablanca dévoile ces intentions entrepreneuriales. 68% de la diaspora africaine au Maroc ont un projet de création d’entreprise dans le pays d’origine, selon les résultats de cette enquête présentée lors du Hub Africa 2017 à Casablanca. 31,3% veulent rester au Maroc et développer un projet dans le pays d’origine, tandis que 11,5% souhaitent vivre au Maroc et développer un projet.

Plus de 70% souhaitent créer leur entreprise entre 2017-2018
Les délais de réalisation diffèrent selon les sondés. Quelque 71,8%, soit un millier de ressortissants interrogés, souhaitent lancer leur projet dans les deux prochaines années (2017-2018), 23,5% dans les cinq prochaines années, et 4,7% au-delà. L’agroalimentaire, le commerce et l’informatique sont les principaux secteurs ciblés par cette niche composée notamment d’employés (41,4%), d’étudiants (14,6%), et de chefs d’entreprise (11,6%), des cadres du secteur privé (8,6%) et des sans-emplois (11,1%). L’étude révèle que bon nombre d’entre eux sont des diplômés de l’enseignement supérieur ; 21,5% ont un master ou équivalent, 19% une licence et 3% un doctorat. «La diaspora africaine au Maroc est une population jeune et instruite, plus de 50% ont un diplôme supérieur», précise l’enquête.

Les enquêteurs se sont également intéressés à leur origine. On y retrouve majoritairement des Sénégalais (40,2%), des Congolais (21,6%), des Ivoiriens (11,1%) et des Maliens (10,6%). Plus de la majorité souhaite investir entre 10.000 et 1 million de dirhams dans leurs projets, en privilégiant l’apport personnel (20,1%), les prêtes familiaux ou amicaux (18,9%), l’emprunt bancaire (17,1%) ou les fonds d’investissement privés (16,5%). Selon 53% d’entre eux, l’insuffisance d’accompagnement des entreprises constitue le premier obstacle pour les entrepreneurs, suivie par la corruption (47%) et les difficultés de financement (20%).

52% estiment que leurs pays d’origine n’ont pas pris connaissance de leur rôle
Les démarches pour la création des projets au Maroc sont diversement appréciées. «Excellent» pour 10%, «Bon» pour 35% et «Insatisfaisant» pour 23%. En outre, 52% estiment que leurs pays d’origine n’ont pas pris connaissance de leur rôle. «Il faut faciliter les différentes procédures administratives pour cette population afin de concrétiser le plus rapidement les projets de développement et faciliter l’accès au financement à travers la mise en place des fonds d’investissement/banques dédiés à ce type de projets», préconise l’étude. En outre, elle recommande «la création d’une instance dédiée à la diaspora africaine au Maroc dont le rôle est l’accompagnement de cette population en phase amont et aval pour la création et la mise en œuvre des projets», le développement du networking relation entre la diaspora africaine au Maroc et les dirigeants marocains afin de capitaliser sur le retour d’expériences, ainsi que la mise en place de fonds d’investissement ou banques dédiées à ce type de projets.

Par Elimane Sembène