La transformation du cacao représente une réelle opportunité pour des pays africains comme la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Cameroun et le Nigéria qui figurent parmi les leaders en termes de production au niveau mondial. Ils en  sont conscients, et souhaitent intégrer ce nouveau maillon dans la chaîne de production.

L’Afrique produit 71% du cacao consommé dans le monde, mais n’en transforme que 4%. Cette révélation de Jean Marc Anga directeur exécutif de l’Organisation internationale du cacao (Icco) dépeint le contraste observé dans l’industrie du cacao.

Les leaders de la filière privilégient l’exportation de fèves brutes de cacao au détriment de produits à forte valeur ajoutée. A titre illustratif, la Côte d’Ivoire premier producteur de cacao avec 1.350.000 tonnes (37,5% de la production mondiale) n’a transformé que 29% de sa production dans la fourchette 2012-2013. En dépit de ce faible pourcentage, le produit fait partie des mamelles économiques au pays des éléphants, car il représente 14% du PIB et 16,3% des recettes fiscales, sans compter les 800.000 planteurs locaux qui s’activent dans la filière En misant davantage sur la transformation, le pays pourrait améliorer ces chiffres.

Le gouvernement en est d’ailleurs conscient, en lançant en 2012, un programme de réforme du secteur qui prévoit notamment la transformation de 50% de fèves brutes à l’horizon 2020, l’amélioration des revenus des paysans, et la mise sur pied d’un conseil organique chargée de la gestion de la filière.

Outre le défi de l’industrialisation, la Côte d’Ivoire est aussi confrontée au vieillissement de l’état du verger et la diminution des superficies dédiées à la culture du cacao, après la décision d’exclure les planteurs installés illégalement dans les forêts classées. Au Ghana, le scénario est quasiidentique. Chez le 2e producteur mondial, le commerce du cacao rapporte plus de 3,5 milliards de dollars dont 76% proviennent de l’exportation des produits bruts.

Le cacao est le deuxième pourvoyeur de devises après l’or, et un des poumons de l’économie avec une contribution au PIB qui est passée de 2,5% en 2008 à 3,6% en 2011. Mieux encore, la production a connu une hausse exponentielle en passant de 340.000 tonnes  entre 2001 et 2002 à 1 million de tonnes en 2011. A l’instar de son voisin ivoirien, Accra traîne aussi les pieds dans la diversification de sa production avec seulement 25,7% la part des exportations de cacao transformés en 2011. L’Etat ghanéen souhaite renverser cette tendance avec comme objectif la transformation de 40% de la production.

Pour ce faire, il prévoit d’effectuer des « remises sur les prix, l’autorisation des importations de machines, le rééchelonnement des remboursements de crédits, l’autorisation d’importation des machines essentielles, et l’application du statut de zone industrielles d’exportation aux entreprises opérant dans la zone », lit-on dans le Rapport économique sur l’Afrique 2013 publié conjointement par la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et l’Union africaine (UA). Le paradoxe prend une autre dimension au Nigéria, 4e producteur mondial de cacao.

Entre 2006 et 2010, les exportations de fèves brutes ont connu une hausse de 47% pour atteindre la barre des 822,8 millions de dollars. Actuellement, elles représentent 83% de l’ensemble des recettes du secteur estimées à 1 milliard de dollars. Seules 20% de la production est transformée localement, un facteur très handicapant puisque, en dépit de sa forte production, la première puissance du continent importe d’importantes quantités de chocolat en provenance d’Europe (97%) et des Etats-Unis.

Contrairement à la Côte d’Ivoire et au Ghana, le gouvernement nigérian n’a pas défini une véritable politique industrielle pour la filière. L’absence de programme de formation dans le domaine, les difficultés d’accès aux financements pour les entreprises et les infrastructures défectueuses, constituent aussi des contraintes de taille. Cette volonté politique est par contre perceptible au Cameroun où l’Etat ambitionne de transformer 50.000 tonnes à la fin de la campagne 2013-2014, pour dépasser les 25.000 tonnes transformées actuellement. Le 5e producteur mondial de cacao exporte plus et transforme moins.

D’après l’Office nationale du café et du cacao, sur les 225.000 tonnes produites, moins de 8% ont été transformées dans l’intervalle 2007-2011, et 13% en 2011. Cette nouvelle orientation devrait permettre au pays de se doter de nouvelles unités de transformation et d’augmenter le pourcentage de la filière dans secteur économique. En effet, le cacao représente 28% de la valeur totale des exportations non pétrolières mais contribue seulement à hauteur de 2% au PIB. Elle pourrait également accroitre les revenus des 400.000 familles qui s’activent ¢dans la filière.